Première étape : Rennes - Saint-Malo : Pas si vilains que ça, quoique !

Publié le par Galoupio

 

Un convoi qui annonce les couleurs

Samedi 29 mai, 8 h 15. Réveil fringant, ouverture des volets et suspense. Tan ! Tan ! Eh oui, pour ce premier jour de Tro breizh à vélo, nous serons copieusement arrosés. Pluie le matin, éclaircies l’après-midi nous indique le Télégramme, référence météo BZH de la ville où tout va partir. Pas de quoi nous refroidir cependant. Nous, car le peloton de notre équipée à deux roues est composé de Gus « iron » Thierry et de moi-même, le caillouxh20. Si l’un a choisi une sobriété qui lui sied à merveille (tenue du pluie), l’autre a cédé le pas à une excentricité mêlée de beaufitude et revêtu sa tenue du Guilers VTT nature (vert et jaune avec cycliste rembourré, la classe quoi). Un enthousiasme vestimentaire assumé pour un rendez-vous fixé à Guilers où le « car » (le fourgon du père de Gus) de notre équipe Astana-Ricard passe prendre notre chouette guilérien (CQFD : notre course de VTT dans la commune s’appelle la Chouette guilérienne). Arrêt rue Wladeck-Rousseau à Brest où monte sa progéniture. Et notre tandem se retrouve sous le crachin devant la gare de Brest avec deux fidèles destriers. Deux VTC : un vert au gros braquet pour Gurvan et un rouge muni de sacoches ad hoc pour Pierrick. Le duo embarque à 10 h 09 dans le TER à destination de Rennes. Car c’est bien chez les Rennois- comme nous les surnommons affectueusement – que le Tour de Bretagne commence. D’Est en Ouest, face au vent, ça va envoyer du pain. Gus va enfiler un cycliste évoqué précédemment que je lui prête. La bonne humeur règne dans le « transfert ». Et déjà premier fou rire. Un jeune marin de retour d’une nuit arrosée engage la conversation. Notre accoutrement et notre bonne humeur peut-être ? Car côté dégaine, le gazier paye aussi, faut bien se l’avouer. Tenue à la Roger Federer de rigueur en cette période de Roland-Garros (tee-shirt-short blanc) et mixon de ricard dans une bouteille en plastique. Notre Picard – eh oui le pauvre, chacun ses failles-  quartier-maître de son état, nous fait un show. Alcool et gouaille aidant. Nous apprenons les techniques sur les manettes de la Playstation pour être un roi à PES. Avec en point d’orgue un scoop à faire pâlir le Vatican, Dieu serait « un mec à barbe, en orbite autour de la Terre qui nous regarde ». Fou rire difficile à contenir. Quelques passagers à côté de nous se dérident. Notre loustic descend finalement à Saint-Brieuc. Arrivé à Rennes. Vélo en bandoulière dans les escaliers de la gare. Les choses sérieuses commencent. On déplie notre premier plan Via Michelin ; il y en a un par étape, sortis la veille sur papier. Le temps d’avaler une casse-dale et la team s’élance sous une légère bruine. Il est 13 h 03.

 

Le vélo tranquilou !

Premiers mètres version Paris-Roubaix sur les pavés du centre-ville rennais détrempés, passage Parlement de Bretagne, place Hoche… Et descente en direction du Nord…de Rennes avec Saint-Grégoire dans le viseur. Le trafic est serré, l’allure modérée, les corps ne sont pas encore chauds mais ça va. Après avoir traversé la « joyeuse » zone industrielle, nous tombons au bout de 5 km sur un panneau direction Saint-Malo en vélo. « Y’a plus qu’à » comme dirait l’autre. Nous enlevons les K-Way car le temps se lève (km 11). Une satisfaction dans le guidage qui concorde avec la…première pause pipi, version sagoin au bord de la route. Nous n’avons ni la puissance du Tom Boonen, ni son hardiesse pour uriner à pleine vitesse. Nous optons pour la prudence. Pose du vélo sur un poteau. Descente. Brûlure de l’herbe d’un talus, ambiance conquétoise quoi, pour ceux qui comprennent. Car autant briser une légende, nous ne tenterons pas le diable.

 Le rythme s’installe, les sensations sont là. Telles deux commères, les trente premières bornes passent vite. Il est déjà 14 h 45, et c’est l’heure de la première véritable pause à Pleugueneuc près de Combourg. L’heure du pique-nique de récupération aussi. « Toujours avec une descente à suivre, c’est bon pour le moral », assure le coureur Hamon, aussi sûr de son fait que de sa capacité à boucler le TDB, c'est-à-dire convaincu dans la parole, mais au fond pas sûr de lui. Mais autant créer des légendes ! En attendant, à table. Au menu, barquettes 3 chatons framboises, dates et bananes.

 

Le vélo, c’est beau mais c’est dur !

Après la détente, la galère, avec une énorme côte de plus de 1,5 km, première grosse difficulté du jour. Les organismes souffrent. La pause, censée nous faire du bien, nous a un peu coupé les pattes. Traversée de Tinténiac et premières belles constructions granitiques gallo dignes de ce nom. C’est beau, mais pour les guiboles ça commence à être dur. Première hésitation à un embranchement au km 41. Retour en arrière. Et engagement dans un sentier hasardeux. C’est un peu au petit bonheur la chance. Le paysage de plus en plus bucolique va de pair aussi avec de plus en plus de petites montées coupe-pattes. Finalement au niveau de Plerguer, km 52, nous retrouvons officiellement une pancarte. Notre flair à payé. Mais nous ne sommes pas au bout de nos peines. Nous entamons la partie la plus difficile de l’étape. Dans un paysage de petites routes de campagne, dans ce que nous appellerons le « bocage prémaloin » : une succession de petits cols de 1re catégorie, à notre humble niveau. Et à Saint-Guinoux, à ce que je juge – à tort - être à 9 km du bout en fait 14, nous nous arrêtons pour une ultime pause. Eau et figues toujours pour éviter la fringale. Des semi-pros, enfin  quand même pas des plus vaillants. Il nous tarde de finir. Le vélo de Gus plus ancien, avec de petites roues, lui rend l’effort encore plus important. Il souffre sur les derniers kilomètres sur une route certes roulante mais au trafic important. Finalement, après une entrée par la zone industrielle, une traversée de Saint-Servan (rattachée à – et partie intégrante de - Saint-Malo depuis 1967), le duo arrive devant le portail de notre premier hôte du jour, mon pote Axel, infirmier et de surcroît jeune diplômé.

 

Une arrivée en deux étapes

Ne soyez pas mauvaise langue, ce n’est pas notre Willy Woeth, notre docteur Ferrari ! Nous roulons à la Badoit. Pendant les étapes en tout cas. Quoi qu’il en soit, arrivé au but, Gus me passe son biclou, que j’enfourche le temps d’aller à l’hôpital. Eh oui, notre blouse blanche termine à 21 h 30. Or il n’est que 18 h 15 et nous sommes à la porte. Mais tout ça était prévu. Après 5 minutes de rab, j’effectue une entrée remarquée dans son service. L’artiste, déjà secoué par l’épisode du garagiste au ski, ne contient pas son fou rire devant ma tenue, et avant de me donner ses clés, ne se fait pas prier pour faire venir ses collègues féminines admirer la bête ! Dignement, je repars avec les clés. 18 h 25, fin de première étape officiellement terminée. Et début des errances extra-sportives !

 

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