Episode 3: Le See de François Feldman
Vous en aviez entamé une grève de la faim depuis une semaine jeunes guedins. Ne vous inquiétez pas, nous n'étions pas ensevelis sous une tonne de poudreuse avec Befa. Votre aventurier des temps modernes cuvait tout simplement, ou plutôt se préparait à cuver ses houblonades germaines à venir.
Et oui, pour ceux qui n'en n'ont que faire, arrêtons le langage châtié, qui s'en branlent éperdumment de la culture germanique, ce week-end c'est la fête de bière, épisode 2, de la saison 2007-2008. Befa va à Stutt'. Arrêtez bande de boutadeurs, il ne s'agit en aucun point d'un village Schtroumpf dans le Baden-Wüttenberg, mais de Stuttgart!
Bref, revenons à nos grizzlis. Notre Befa, dans l'épisode précédent, avait jovialement molesté une jeune allemande pour s'approprier sa luge. Les faits sont d'une telle gravité que je préfère les taire. Armé de sa flèche d'argent, il s'est alors mis à descendre à tombeau ouvert la pente du Mont Gerbeur de Troncs. Mais trop vite... Déconcentré par les braillements incessants de Milou, il loupa l'embranchement. Il choisit le Titisee au lieu du Feldsee. Son erreur allait lui coûter cher. Le ciel se vengeait et faisait atterrir notre Guilériens de l'extrême aux pieds de deux touristes suisses en pleine opération après-ski. Heureusement, occupés à comprendre le mécanisme, nos deux skieurs neutres ne prêtèrent pas attention au trublion. Mais Befa dû faire vite et remonter illico dans la poudreuse.
Épuisé par sa remontée, où il fut contraint à plusieurs reprises de ramener Milou dans le droit chemin et de suivre les instructions de Jeanne, il l'aperçu enfin. Le See. Pas la mer jeune parisien, le lac en allemand. Figé de joie, il resta vingt bonnes minutes en position contemplo-consanguine savourer l'instant; secondé par sa sherpa.
Il touchait au but. Il ne lui restait plus qu'à déchiffrer l'énigme tarabiscotée du père Fouras allemand: der Vater Fourassen. L'énoncé du rébus, dans la langue de Goethe, forcément, allait lui poser quelques problèmes. Je traduis pour les francophones. "Ô brave fabien. Tu as franchis moults épreuves, usé de moyens plus ou moins licites pour parvenir à tes fins. Heureusement, ta bravoure me permet de valider ton parcours. Mais ne te réjouis pas trop vite jeune adepte de la galéjade. Pour trouver le divin breuvage, tu devras résoudre cette charade. Mon premier "c'est bien"; mon deuxième est le contraire de haute; mon troisième précède "voilà du boudin"; mon quatrième porte le même prénom que la favorite des miss France de Geneviève, appelez monsieur Beulay si vous doutez; vous devrez chanter le tube de mon tout! Pas cette scandaleuse chanson de l'Eurovision en anglais, mais son tube made in France. Et je vous donnerai la clé du firmament!!" L'encéphale de notre aventurier s'emballa. Seb-basse-tiens et Tellier. "Sébastiens Tellier", hurla -t-il de joie. Avant d'enchaîner derechef le tube L'amour et la violence de la même voix chevrotante que l'"artiste". "DIS MOI CE QUE TU PENSES!!! DE MA VIE !!! DE MON ADOLESCENCE!!! J AIME AUSSI!!! L'AMOUR ET LA VIOLENCE!! Bingo!
Fidèle à ses promesses, le Vater Fourassen lui ordonna alors tout simplement de frapper d'un coup sec sur la glace à un endroit précis du See. La bouteille d'Oasis is good apparu alors dans un halo de lumière. Il avait triomphé. Son graal entre les doigts, il n'hésita pas une seconde et avala la flasque "apecho" (cul sec en espagnol).
Erreur malheureux! A la sensation d'ivresse succéda un phénomène inexplicable. Notre Befa fut puni de tant d'inconscience. La fiole le transforma en petit bonhomme en bois fribourgeois et Milou en cigogne portative.
La morale de cette histoire: si tu bois abondamment et trop vite, tu risques de choper le gueule de bois!
